Quand un jeune étudiant Marocain vient frapper à ma porte
Depuis de nombreuses années, je loue en septembre un studio pour étudiants. En général, je préfère louer à une ou un étudiant parce qu’il ou elle rentre chez ses parents les week-ends et les vacances scolaires.
Après quelques péripéties, j’ai été contrainte de ne le louer qu’en Janvier.
J‘ai donc mis mon studio en ligne sur internet. Mon attente fut de courte durée.
Mais ce jeune étudiant n’avait pas ses parents en France. Il était marocain. Il resterait donc à temps complet dans le studio. Il sentait bien mes réticences pour cette raison.
Devant impérieusement quitter sa chambre universitaire ou il logeait, il se retrouverait à la rue sous peu. Il me supplia donc d’accepter de l’accueillir.
Il ne connaissait pas les règles administratives françaises. Il n’avait qu’un compte bancaire en ligne, pas de carnet de chèques. Cependant il avait un emploi dans le restaurant d’une chaîne de restauration rapide. C’était là, l’unique revenu dont il disposait.
Je me retrouvais, avec Bernard, devant un dilemme.
De mon côté une phrase de saint Jean me revint en mémoire :
3.18
« … N’aimons pas en paroles, ni en discours, mais par des actes et en vérité »
Saint Luc 6.31
« Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites le de même pour eux »
Dans cette circonstance nous sommes tombés d’accord.
Le rendez-vous fut fixé et le studio pris dès que le jeune homme l’eu visité !
Cependant il n’avait pas tous les codes, les us et coutumes, de nos habitudes françaises. Ce fut difficile pour lui, mais pour nous également.
Nous l’aidions de notre mieux, intervenant le moins possible afin de ne pas le gêner, devinant que c’était très difficile pour lui.
L’hiver fut pluvieux, sombre… très long, surtout si loin de ses parents et de son soleil marocain.
Je ne l’ai compris que quelques temps après.
D’ordinaire, l’été nous disposons du studio pour réparer d’éventuelles dégradations ordinaires. Je lui ai alors demandé de libérer son logement début juillet. Avant la fin de l’année scolaire je lui ai aussi demandé quels étaient ses projets. Malheureusement il avait raté son année et son examen. Il était à la recherche d’une autre université pour la rentrée.
J’ai, alors, été touchée par ce qu’il m’a dit en joignant les mains
« Je t’en supplie, Elise, je n’ai que toi sur qui je peux compter, laisse-moi dans le studio jusqu’à la fin du mois d’août »
Il a trouvé une université à Besançon, mais on lui a refusé une chambre universitaire. Il n’a trouvé de quoi se loger qu’au dernier moment. Il est parti en catastrophe. Durant 7 jours nous n’avons plus eu de nouvelles.
Nous sommes toujours en contact avec lui. Nous lui souhaitons bonne chance à Besançon !
Je suis heureuse d’avoir fait sa connaissance.
Je prie pour lui.
Elyse Tanguy de Pontivy / Septembre 2025



