Hommage à Monique Kazmierski
Monique nous a quittés le vendredi 27 juin 2025, le jour où l’Église catholique célèbre le « Sacré Cœur de Jésus », symbole de l’amour divin du Christ, incarné par son cœur transpercé, brûlant d’amour pour l’humanité.
Si nous devions trouver une image de ce cœur de Jésus dans notre monde, nous pourrions voir en Monique cette incarnation de l’amour et de la compassion, qu’elle déployait dans des domaines aussi variés que la politique, l’art, l’économie en Entreprise, les questions de société en France ou sur le plan international. Elle voyait en chaque personne un diamant à révéler, même si celui-ci semblait caché dans sa gangue. Elle savait repérer notre trésor même enfoui dans la boue ou incrusté dans la pierre.
Monique donnait sans compter, souvent au prix de sa propre vie personnelle. Pour elle, son rôle de Directrice des ressources humaines l’emmenait au-delà de la dimension professionnelle. Elle vivait son métier comme une véritable mission dans laquelle elle exprimait sa raison d’être. Comme elle le disait souvent : « la tête au ciel et les pieds dans le pétrin ».
Son cœur était déchiré par l’injustice qu’elle combattait ; elle mettait toute son intelligence au service de la résolution des situations les plus délicates et complexes auxquelles elle était confrontée. Elle avait cette capacité unique de voir loin, son esprit était visionnaire. Elle encourageait chacun de nous à analyser les faits objectivement, tout en nous invitant à transcender les circonstances et les personnes pour adopter une posture positive et constructive et à agir en conséquence. Pour autant, elle ne se privait pas de dire les choses en vérité et avec précaution, pour nous encourageant à réfléchir et à réagir de la bonne façon. Tout porte à dire que Monique était une grande Dame !
Ce terme a d’ailleurs été repris dans de nombreux messages reçus ces derniers jours, témoignant de l’impact qu’elle a eu sur toutes celles et ceux qui l’ont côtoyée. Son élégance à la fois d’apparence stylée et d’âme s’exprimait de différentes manières : sa discrétion, notamment au sujet de sa famille qu’elle chérissait tant. Son amour pour sa sœur et son beau-frère, qui l’ont toujours soutenue dans les moments les plus difficiles, était immense.
Elle était aussi extrêmement fière de ses deux neveux François et Claire, admirative de leur talent et de leur parcours, de leur réussite. Lorsque Monique a découvert le charisme de l’unité, elle a immédiatement adhéré à ce mouvement, qu’elle qualifiait de « prophétique pour notre monde ». Elle s’est engagée dans la branche des volontaires du Mouvement des Focolari, cherchant à mettre en pratique sa vocation au-delà des structures. En juin 1977, Chiara Lubich écrivait à leurs propos : « Vous êtes libres, mais par Amour, vous vous êtes faits esclaves de Jésus qui attend votre témoignage là où il n’est pas, au milieu du monde… ». Monique avait compris que la Puissance de Dieu se manifestait là où existait l’unité entre les personnes, qu’elles soient croyantes ou non, et que l’essentiel était de s’aimer, d’être de bonne volonté et de s’engager et travailler pour le bien commun.
Ainsi, Monique a joué un rôle majeur dans la période de reprise en main de la Société Lanvin par le groupe L’Oréal dans les années 90/95. Dans cette période en particulier, son action, sa loyauté ont eu un impact mémorable. Les moments difficiles faisaient partie de notre quotidien pendant de longues périodes : plus de 1000 licenciements en quelques années, la fermeture de l’usine de parfums, puis celle du secteur Haute Couture, accompagnée de changements de direction. Cependant, notre « Cellule RH» nous a permis de garder le cap : agir pour le bien de chaque salarié, pour l’entreprise, et de ne pas se laisser submerger par les tensions internes ou externes. Je me souviens d’un épisode marquant : la veille d’un départ pour une rencontre à Rome au moment de la naissance de l’Économie de Communion. Monique avait appris que les syndicats avaient lancé un appel à la grève. Elle a immédiatement convoqué une réunion à 20h avec les deux représentants syndicaux les plus fermes. Après deux heures de discussion sincère, elle leur a demandé de reporter la grève en raison de son absence et celle-ci ne s’est finalement jamais tenue, Monique avait œuvré pour qu’elle ne soit plus nécessaire. Une autre fois, lors d’une crise financière chez Lanvin, les employés ont dû travailler presque jour et nuit avant un défilé important. L’inspecteur du travail, informé de la situation, est venu sur place pour sanctionner l’entreprise. Monique a su démontrer que la situation était due à l’inspiration tardive du créateur, et a proposé une alternative : soit annuler le défilé et licencier une cinquantaine de salariés, soit se mobiliser tous ensemble et sauver les emplois. Les stylistes et couturières étaient fières de cet exploit commun.
De nombreux salariés, licenciés ou non, ont été accompagnés avec la plus grande bienveillance par Monique. Beaucoup, y compris leurs familles, lui sont restés infiniment reconnaissants. Elle a donné sa vie pour eux.
Dans la continuité, Monique a aussi apporté son intelligence, sa vision innovante et ses nombreuses connaissances en matière de relations humaines au siège de L’Oréal à Clichy. À la retraite, elle a continué à mettre ses compétences et son expérience au service de jeunes en quête de direction professionnelle, des personnes en pleine réflexion sur leur avenir. Elle a accompagné avec succès de nombreuses reconversions. Aujourd’hui, la plupart des messages de soutien reçus attestent et témoignent d’une profonde gratitude : « Je dois beaucoup à Monique ».
Au fil des années, son corps s’est progressivement affaibli, jusqu’à ce qu’elle devienne dépendante dans tous les aspects de sa vie quotidienne. Elle avait cette phrase qui résumait tout avec un juste trait d’humour : « j’ai passé le mur du son ». Elle, si élégante, n’accordait plus d’importance aux vêtements qu’on choisissait pour elle. Son amour des bons repas était intact, bien qu’elle mangeât sa bouillie, continuant néanmoins à savourer les chocolats, elle aimait les truffes en chocolat. Bien que maîtresse femme, elle se laissait maintenant prendre soin d’elle par le personnel bienveillant qui l’entourait.
Aimer chaque personne, c’était là son principe, et ce jusqu’au dernier souffle. Elle souhaitait que nous soyons heureux, épanouis. Il y a quelques mois, elle a dit à une employée : « Vous avez la capacité de faire des études et d’aller plus loin dans votre parcours professionnel. »
Du ciel, Monique, entourée de toutes celles cet eux qu’elle a aimés et qui l’ont aimée, continuera à nous guider, à nous aider, jusqu’au bout de notre voyage sur Terre.
Nous exprimons notre profonde reconnaissance à la Direction des Accates Monsieur Dorien Debrand et à toute l’équipe soignante qui ont accueilli Monique dans ses derniers jours avec un professionnalisme hors pair.
Un merci tout particulier à Anne-Marie Gaurier pour sa présence constante et bienveillante auprès de Monique tout au long de la journée, ainsi qu’à toutes celles et ceux qui l’ont soutenue, tant spirituellement que dans les moindres aspects de ses besoins.
Elle a pu vivre ces dernières semaines, entourée d’une attention et d’un amour exemplaires.
Elle le méritait amplement.
Merci à vous tous, du fond du cœur.
Michèle Charrault et Marie Gimenez



